mercredi 29 janvier 2014

Bientôt: des "bibliotrains" !



Lors de la dernière Commission Permanente qui s'est tenue au Conseil Régional de Poitou-Charentes, vendredi 24 janvier dernier, Ségolène Royal présentait des mesures de mise en oeuvre des orientations budgétaires pour 2014. 

Parmi celles-ci, il était réaffirmé le souhait de lutter contre l'illettrisme, et de faire de la lecture la grande cause régionale de l'année. 


Quoique définir l'emploi comme priorité d'action, conformément à ce qui avait été proposé par son opposition, aurait pu être considéré comme un choix tout aussi judicieux de la part de l'exécutif régional, ce dernier a présenté une délibération suggérant, entre autres, le développement de "résidences d'écrivains" et un événement dont, pour parodier le langage du web, "nous sommes désolés, mais le contenu est en construction".

Avant de formaliser une proposition sur ce point, il m'a semblé nécessaire, au préalable, de faire valoir notamment les arguments suivants:

- le projet en question est une délibération de lecteurs, pour des lecteurs: les actions présentées ne sont pas de nature à permettre un recul de l'illettrisme ni une augmentation substantielle de la lecture
-dès lors, il ne serait pas conforme aux objectifs délibérés lors des précédents débats d'adopter de telles mesures
-ni les lecteurs, ni les non-lecteurs, ni les familles ne sont mentionnés dans la "chaîne du livre"
-ces dispositions rentrent dans le viseur d'une critique considérée - à tort- comme étant de gauche, à savoir qu'elles ne feront que renforcer l'idée selon laquelle les institutions peuvent être des facteurs de reproduction des inégalités relatives au capital culturel. 

Faire émerger l'alternance signifie donner une vision. On pourrait aller plus loin en considérant que la critique du pouvoir en place doit se faire en premier chef au regard d'un projet alternatif et non l'inverse. Se poser en s'opposant, c'est prendre le risque de ne pas affirmer suffisamment sa propre capacité de changement. C'est aussi rendre hommage à un adversaire, qui n'est pas un ennemi, ne serait-ce que parce qu'il a été choisi démocratiquement. 

Aussi,  afin de se rapprocher de la réalisation des objectifs précédemment évoqués - lutte contre l'illettrisme et accès à la lecture - j'ai proposé avec l'accord de mes collègues, la mise en place de "bibliotrains". Dans le cadre d'un partenariat avec la SNCF, des ouvrages, une petite bibliothèque mobile, pourraient être mis à disposition des usagers des transports ferroviaires, régionaux notamment. 

Sans rentrer plus avant dans les détails opérationnels, il ne s'agit pas d'une solution miracle, mais d'un dispositif basé sur un constat et deux idées simples:
- constat : la Région dispose de la compétence transports en matière ferroviaire
- deux idées simples : 

  • Les transports sont des espaces de passage et des lieux de vie susceptibles de voir émerger des services nouveaux. Ces services peuvent consister notamment - mais pas exclusivement - à adapter à la situation de mobilité, des pratiques habituellement sédentaires.
  • Ce service doit être simple, lisible, accessible et offrir une plus-value, matérielle ou immatérielle, conforme à leurs objectifs, à l'ensemble des parties-prenantes concernées. Ils peuvent utilement s'inspirer de pratiques initiées par d'autres collectivités et ayant fait leurs preuves. En l'espèce, le dispositif des "bibliobus" a été un point de départ de cette réflexion. 
Cette proposition de "bibliotrains", a fait l'unanimité. 

Si mes collègues et moi-même ne pouvons que nous en réjouir, il nous faudra maintenir notre vigilance dans la mise en  oeuvre ultérieure de ce dispositif, et rester attentifs à ce que la majorité ne se contente pas de reprendre les propositions de son opposition pour dire qu'elle fait reculer l'illettrisme, et, plus généralement, qu'elle "agit". 

Il relève de notre responsabilité d'élus de faire différemment et mieux que la majorité en place, au service de tous et de la Région.