samedi 1 mars 2014

Peillon-nous une éducation à la solidarité - Pour une République relationnelle

L’éducation civique est enseignée à l’école. La morale laïque prendra bientôt place dans les salles de cours. Il peut s’agir d’ un outil intéressant à la condition de ne pas en faire un instrument d’uniformisation morale ou intellectuelle.

Faire émerger un individu affranchi des dogmes imposés, des déterminismes, telle est l’ambition du Ministre de l’Education Nationale. Néanmoins,  enseigner une morale n’est pas en soi un vecteur de « changement sociétal ». Ce à quoi il sera répondu que chacun demeurera libre de faire ce qu’il souhaitera du bagage qui lui aura été transmis par l'école. 

Soit ! Tout d’abord, peut-on attendre de l’école qu’elle dise ce qu’est une « vie bonne », ou « juste » ? Si une réponse positive serait en elle-même discutable, elle trouverait une limite pratique considérable:  la reconfiguration et l’affaiblissement du lien social.

Nous avons tous en mémoire les drames liés à la canicule de 2003. Les solitudes sont bien réelles. L’intérêt pour elle, lui, là, là-bas,  le respect accordé à une personne,  a fortiori en situation de handicap, de dépendance, d’isolement, devraient  précéder, tout du moins compléter, la parole de Marianne.

La République doit devenir relationnelle. L’apprentissage, par nature imparfait, de cette pratique renforcerait  le socle désormais fragile de notre société. Ne pas se refuser de faire émerger une pédagogie de la rencontre: c’est en satisfaisant cette condition que l’Education Nationale instillera à nouveau du sens. Bien sûr, il y a le service civique … Optionnel et rémunéré. Certains établissements, parfois privés, parfois publics, se sont engagés dans des démarches « humanitaires », « sociales »…  Recenser et mûrir leurs actions,  ambitionner de les élargir, pourrait être un objectif raisonnable, mais surtout souhaitable.

La prise en compte de « l’autre », dans  sa plus simple expression, du plus fort ou du plus faible, est une source d’échanges, de création, d’une relation parfois improbable, tout autant que de connaissance mutuelle.  

C’est à cette formule de Pascal que devrait en appeler Vincent Peillon: « La vraie morale se moque de la morale. ». Vouloir raboter la diversité spirituelle, intellectuelle et morale de notre pays sans permettre l’épanouissement d’un «  être relationnel », c’est condamner la République à rester lettre morte.  Il n’y a pas à choisir entre l’écriture et la vie. Elles se meuvent ensemble. Ou disparaissent.