jeudi 22 mai 2014

Ségolène Royal, priez pour nous pauvres pécheurs

Le gouvernement actuel, et avant lui l’ancienne majorité de droite et du centre ont souhaité s’emparer de ces épineux sujets : simplifier le « mille-feuille» administratif, diminuer le coût des collectivités, accroître leur efficacité et leur compétitivité, localement, nationalement, et internationalement.

Pour ce faire, redéfinir leurs compétences et redessiner leurs périmètres est nécessaire.  Autrement dit, deux questions à résoudre pour le législateur : qui fait quoi ? Et dans quelles limites géographiques?

Tout d’abord, force est de constater l’absence de clarté sur le « qui fait quoi » : les compétences, ou « responsabilités » de chaque catégorie de collectivité n’apparaissent pas suffisamment en l’état des débats. Cela est améliorable, mais constitue une faiblesse.

Ensuite, se pose la question du périmètre, de la taille des territoires, de leurs redécoupages. Et là, c’est le drame ! En quelques mots :

Lors d’une réunion de travail à la Région vendredi dernier, le 16 mai, l’hypothèse d’un rapprochement avec la région Centre avait été évoquée par l’actuelle majorité du Conseil Régional de Poitou-Charentes. De droite ou de gauche, charentais-maritimes et charentais nous avons exprimé notre refus de cette proposition absurde tout en exprimant notre volonté de rejoindre l’Aquitaine.

Coup de théâtre mardi soir, Madame Royal, désormais Ministre de l‘Ecologie, fait connaître l’intention de deux régions,  Poitou-Charentes et, désormais, Pays-de-La-Loire, de discuter d’un rapprochement. 

Cela me choque.  N’étant plus présidente de la région, elle outrepasse très largement ses prérogatives. Si dans le théâtre politique, Madame Royal a pu jouer le rôle de protectrice des opprimés,  elle finit par se conformer à cette formule de Pascal : « qui fait l’ange fait la bête ». Et ce comportement  consiste ici à vouloir voler la conduite de leurs destins aux habitants de Poitou-Charentes, a fortiori ceux de la Charente-Maritime, de la Charente, et de la Saintonge. L’Université pour la Haute-Saintonge, c’est Bordeaux, ou La Rochelle. Certainement pas Orléans ou Nantes.

Certains analyseront ce comportement de Madame Royal comme une « peur de l’insignifiance » ou comme un acte de démesure. Peu importe. 

Si sa promesse d'une démocratie participative est aux oubliettes, ce qui compte aujourd’hui, c’est d'exercer notre « droit à décider  de nous-même ». La préservation de la région Poitou-Charentes peut être un objectif légitime. Mais il est bien moins prioritaire que de permettre à chacun de défendre ce qui est juste. Faire de la France un pays de collectivités « hors-sol », abstraites, c’est la déconnecter d'elle-même. Cela n’est pas souhaitable. Décidons ensemble de notre avenir. 

Madame Royal, pardonnez nos offenses comme nous pardonnerons à ceux qui nous ont offensé.