La dignité humaine tient à la position
spécifique de notre espèce dans l’écosystème général. Cette affirmation ne
qualifie cependant pas le genre humain en "maître et possesseur de la
nature". Une vision d’une humanité « toute-puissante » a servi
de justification à une domination illimitée sur notre environnement, jusqu’à notre
propre mise en danger. La prise de conscience appuyée de la pensée écologiste, notamment,
a permis de modifier cette donne, au profit d’un rapport plus
équilibré. L’appartenance au genre humain confère des droits et des
devoirs, une responsabilité à l’endroit du « monde » : biodiversité,
protection des espèces, etc.
L’homo sapiens sapiens repensé comme "un parmi
tous" ne perd pas pour autant sa dignité. Bien au contraire, il la
renforce car il lui appartient de
satisfaire à cette responsabilité.
Aussi, ce n’est pas
sans étonnement que nous avons relevé dans une motion publiée par "Europe
Écologie les Verts", intitulée "animal
et société", la conclusion suivante : "Tous les animaux,
sauvages ou domestiques, doivent bénéficier d’un statut juridique et de
droits".
L'introduction de telles prérogatives, qui impliquent une subjectivité juridique, est une réponse mécanique.
Toutefois, cette responsabilité-dignité de l'Homme n'induit pas nécessairement de plaquer les caractéristiques de notre espèce sur
l'ensemble du vivant ! En effet, si le traitement que nous adoptons vis-à-vis des
bêtes renvoie à notre regard sur nous-mêmes, cela ne permet pas pour autant
d’aller vers l’affirmation d’une subjectivité juridique animale.
La motion précédemment visée conduit en
réalité à atténuer la frontière entre le régime des "incapacités" et
celui des animaux, par la création ex
nihilo d’une personnalité juridique dénuée de "capacité de
jouissance". Cela reviendrait à humaniser l'animal autant qu'à animaliser
l'homme.
Ce n'est pourtant pas dans la confusion
des genres que l'on pose les bases d'une éthique de la responsabilité. L’atténuation
du propre de l’Homme, de sa dignité, atténuera sa responsabilité. En effet, sortir
le genre humain de son rôle de "gardien du monde", de vigile de l’ « harmonie
d’ensemble », affaiblit la raison d’être de ses droits et devoirs.
Autrement dit, au nom de la protection animale
on rouvrirait symboliquement le "struggle for life".
Cette affirmation, celle d’un « humanisme
an-humain » n’est pas la seule contradiction apparente. En effet, le rejet
de l’industrialisation du vivant ne peut que conduire à un rejet de
l’industrialisation de notre espèce. Or, la position affichée récemment par
EELV en faveur de l’ouverture de la "PMA et de la GPA pour tous" tend
à renforcer l’usage d’un artifice dans l’acte procréatif humain. Si le principe-même
de cet usage n’est pas en cause, la défense au nom de l’écologie d’une telle
pratique ne saurait être valablement entendue. Si l’accès de tous au
"mariage" n’est pas en cause ici, cette position du parti écologiste
sur la "PMA et GPA pour tous" remet en question l’application au
genre humain du principe de
non-industrialisation de la vie, a fortiori de la humaine : par la
généralisation légalisée d’artefacts d’abord, et de possibles pratiques
industrielles par voie de conséquence.
Une réponse trop revendicative ou
marquée par un clientélisme de circonstances pourrait produire des effets
contraires à ceux recherchés. C’est au nom d’une égalité abstraite que l’on se
détourne d’une égalité réaliste, celle qui fonde une "citoyenneté au
monde", qui rend l’homme conscient de son appartenance à la nature et
responsable de cette dernière. Endignons-nous !
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