lundi 25 mars 2013

Endignez-vous !

La dignité humaine tient à la position spécifique de notre espèce dans  l’écosystème général. Cette affirmation ne qualifie cependant pas le genre humain en "maître et possesseur de la nature". Une vision d’une humanité « toute-puissante » a servi de justification à une domination illimitée sur notre environnement, jusqu’à notre propre mise en danger. La prise de conscience appuyée de la pensée écologiste, notamment, a permis de modifier cette donne, au profit d’un rapport plus équilibré. L’appartenance au genre humain confère des droits et des devoirs, une responsabilité à l’endroit du « monde » : biodiversité, protection des espèces, etc.
L’homo sapiens sapiens repensé comme "un parmi tous" ne perd pas pour autant sa dignité. Bien au contraire, il la renforce car  il lui appartient de satisfaire à cette responsabilité.

Aussi, ce n’est pas sans étonnement que nous avons relevé dans une motion publiée par "Europe Écologie les Verts", intitulée "animal et société", la conclusion suivante : "Tous les animaux, sauvages ou domestiques, doivent bénéficier d’un statut juridique et de droits".
L'introduction de telles prérogatives, qui impliquent une subjectivité juridique, est une réponse mécanique.
Toutefois, cette responsabilité-dignité de l'Homme n'induit pas nécessairement de plaquer les caractéristiques de notre espèce sur l'ensemble du vivant ! En effet, si le traitement que nous adoptons vis-à-vis des bêtes renvoie à notre regard sur nous-mêmes, cela ne permet pas pour autant d’aller vers l’affirmation d’une subjectivité juridique animale.
La motion précédemment visée conduit en réalité à atténuer la frontière entre le régime des "incapacités" et celui des animaux, par la création ex nihilo d’une personnalité juridique dénuée de "capacité de jouissance". Cela reviendrait à humaniser l'animal autant qu'à animaliser l'homme.
Ce n'est pourtant pas dans la confusion des genres que l'on pose les bases d'une éthique de la responsabilité. L’atténuation du propre de l’Homme, de sa dignité, atténuera sa responsabilité. En effet, sortir le genre humain de son rôle de "gardien du monde", de vigile de l’ « harmonie d’ensemble », affaiblit la raison d’être de ses droits et devoirs. Autrement dit, au nom de la protection animale  on rouvrirait symboliquement le "struggle for life".
Cette affirmation, celle d’un « humanisme an-humain » n’est pas la seule contradiction apparente. En effet, le rejet de l’industrialisation du vivant ne peut que conduire à un rejet de l’industrialisation de notre espèce. Or, la position affichée récemment par EELV en faveur de l’ouverture de la "PMA et de la GPA pour tous" tend à renforcer l’usage d’un artifice dans l’acte procréatif humain. Si le principe-même de cet usage n’est pas en cause, la défense au nom de l’écologie d’une telle pratique ne saurait être valablement entendue. Si l’accès de tous au "mariage" n’est pas en cause ici, cette position du parti écologiste sur la "PMA et GPA pour tous" remet en question l’application au genre humain du principe  de non-industrialisation de la vie, a fortiori de la humaine : par la généralisation légalisée d’artefacts d’abord, et de possibles pratiques industrielles par voie de conséquence.
Une réponse trop revendicative ou marquée par un clientélisme de circonstances pourrait produire des effets contraires à ceux recherchés. C’est au nom d’une égalité abstraite que l’on se détourne d’une égalité réaliste, celle qui fonde une "citoyenneté au monde", qui rend l’homme conscient de son appartenance à la nature et responsable de cette dernière. Endignons-nous !


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